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- [ON A RENCONTRE] GUTS : "Pura Vida"
Posted by : Nicolas Poço
30.6.13

Une table, deux chaises, un
micro, le tout au milieu d’une exposition de vinyles. Un endroit parfait pour
rencontrer l’artiste qui suit. Les fans de rap français l’on sans doute connu
grâce à Alliance Ethnik. Tandis que d’autres l’ont découvert via ces trois
albums solos. Il débarque cette semaine avec BEACH DIGGIN’, une compilation ensoleillée
que PQTEM vous conseille fortement. On a rencontré GUTS!
• Toute histoire a son
commencement. Il paraît que celle entre la musique et toi démarre grâce à ta
mère qui t’offrait des 45 tours quand tu ramenais des bonnes notes de l’école.
Ouai c’était la carotte! En fait c’était le bon moyen de me
motiver et puis à la fois de me récompenser de mes bonnes notes au collège.
Donc du coup, ça contribuait à me nourrir, me cultiver, à me faire découvrir
des artistes, des musiques, des courants musicaux. Quelques fois, c’était ma mère
qui choisissait les disques, parfois c’était moi, et sinon on prenait un peu au
pif. Ca était à la fois bénéfique, parce que oui, la carotte marchait bien avec
moi, et à la fois c’était cool car ça m’a permit de commencer ma collection de
disques, de 45 tours. En y repensant, c’était une très bonne idée de la part de
ma mère.
• Donc clairement, c’est grâce
à elle que tu es tombé dans le monde de la musique?
Oui mine de rien, enfin surtout parce qu’elle passé de la musique à la
maison. Le dimanche était un peu la journée rangement/ménage et donc du coup,
elle mettait ces vinyles. J’adorais écouter et je regarder ce quelle mettait .Elle
passait des trucs genre Earth Wind and Fire, Police, Cyndi Lauper, BeeGees,
Stevie Wonder, Prince, des gros classiques pop, funk…
• Pas mal t’ont connu avec
Alliance Ethnik, mais y’a t-il eu quelque chose avant?
Quand j’ai été piqué par le Hip-Hop, ça a donné carrément un sens à ma
vie. La première chose que j’ai eu envie de faire dans cette culture, c’était
DJ. Donc acheter des skeuds, des platines, et puis commencer à me plonger dans
ces histoires de scratch, de remixer un titre en direct avec le même morceau
sur les deux platines. Donc à l’époque on devait acheter des disques en double.
L’idée était d’avoir deux mêmes disques, et faire un espèce de remix en direct
live. Ca m’a très vite captivé et j’ai commencé à passer des journées et des
nuits à scratcher, faire des « pass/pass » et toutes les techniques
de Hip-Hop.
Je me suis peu à peu aventuré dans des histoire de compétitions comme le DMC. A l’époque il y avait pas beaucoup de Dj donc je me retrouvais toujours avec les dix ou quinze mêmes, comme par exemple Clyde, Cut Killer, Jimmy Jay ou encore Dee Nasty . C’était tres embryonnaire. On se mettait la bourre aux platines, ce qui nous tirait vers le haut, la compétion motivait. Et puis à l’époque tout allait très vite, la technique et le niveau s’élevait. Donc oui du coup avant Alliance Etnik, il y a eu tout ce délire digging de vinyles, radio 7 et ensuite à fond chez Nova, compétions et aussi concerts. Je passais ma vie à faire des concerts de Hip-Hop sur Paris et Londres. A l’époque, tous les groupes américains ne venaient pas sur Paris mais par contre étaient présent à Londres. Du coup on était, par exemple, dégouté que NWA passait pas sur Paris mais dans la capitale anglaise, donc la on prenait le bus, puis le bateau et on se retrouvait à la Brixton Academy et dans le quartier jamaïcain pour voir ces gros artistes américains. Sinon sur Paris, c’était à l’Elysée Montmartre ou chez Roger Boite Funk, un des spots de l’époque où les mecs venaient se produire.
Je me suis peu à peu aventuré dans des histoire de compétitions comme le DMC. A l’époque il y avait pas beaucoup de Dj donc je me retrouvais toujours avec les dix ou quinze mêmes, comme par exemple Clyde, Cut Killer, Jimmy Jay ou encore Dee Nasty . C’était tres embryonnaire. On se mettait la bourre aux platines, ce qui nous tirait vers le haut, la compétion motivait. Et puis à l’époque tout allait très vite, la technique et le niveau s’élevait. Donc oui du coup avant Alliance Etnik, il y a eu tout ce délire digging de vinyles, radio 7 et ensuite à fond chez Nova, compétions et aussi concerts. Je passais ma vie à faire des concerts de Hip-Hop sur Paris et Londres. A l’époque, tous les groupes américains ne venaient pas sur Paris mais par contre étaient présent à Londres. Du coup on était, par exemple, dégouté que NWA passait pas sur Paris mais dans la capitale anglaise, donc la on prenait le bus, puis le bateau et on se retrouvait à la Brixton Academy et dans le quartier jamaïcain pour voir ces gros artistes américains. Sinon sur Paris, c’était à l’Elysée Montmartre ou chez Roger Boite Funk, un des spots de l’époque où les mecs venaient se produire.
Je faisais parti d'une association qui s’appelait IZB (Incredible Zulu
B-boy), un groupe de passionnés de hip
hop. Avec cette asso, c’était mortel, on organisait des soirées, des voyages à Londres,
on louait un bus et on balançait tous les dingues de Hip-Hop. Puis après, avec
l’arrivée de moyens supplémentaires, on organisa un voyage à New York. Un vrai
pèlerinage. Dans le cadre d’un de ces voyages, j’ai fait la rencontre d’un mec,
Romuald, un autre DJ originaire de Creil. Après lui avoir demandé s’il ne connaissait
pas un rappeur, un mec qui envoyait bien, il me conseilla un mec qui faisait du
« fast », qui débitait bien speed et qui s’appelle K-Mel. Donc en
rentrant de New-York, j’ai rencontré à Boulogne ce fameux K-Mel, une petite
démo et c’était parti... On a donc crée Alliance Ethnik . Au début on était que
4 avec K-Mel de Creil, le fameux ROMUALD,
un Dj aussi originaire de Creil qui s’appelait Moussaï et moi même. Puis très
vite on a composé, fait des concerts. Et de fil en aiguille, tu connais l’histoire.
Le groupe s’est monté en 1990, et puis l’album sort en 1995. Entre le moment ou
on a créé le groupe et le moment ou on a vendu 600.000 albums, il s’est passé 5
ans, c’est super rapide !
• Et pour Crazy B, le dj de
Birdy Nam Nam?
Alors Crazy B est venu après. Il était à l’époque avec un groupe qui
s’appelait Rapsonic (aujourd’hui Raggasonic). Au bout d’un moment il a voulu
changer d’air, avec Rapsonic, ça tendait de plus en plus dans un délire
Dancehall / Reggae comme aujourd’hui. Lui voulait peut être plus revenir dans
ces origines Hip-Hop. Avec les compétitions
de dj, je le croisais régulièrement, donc on est devenu potes, et puis un jour
je lui ai dit que malheureusement notre dj était décédé et s’il voulait intégrer
le groupe, c’était avec plaisir.
• Donc deux albums avec Alliance
Ethnik...
En effet, En 1995 « Simple Et Funky » et « Fat Come
Back » en 1999.
• Justement, un deuxième album
qui a moins marché, tu penses que c’est la cause de votre séparation ou
non?
Ce qu’il s’est passé, c’est que effectivement le deuxième album a bien
moins marché mais on a quand même continué à être dans une super dynamique, à être
super motivés ! C’est vrai qu’après la sortie de « Fat Come Back »,
tout le monde avait envie de s’essayer à autre chose ou d’expérimenter un
projet solo..
• Donc fin d’alliance Ethnik, mais
ton premier projet solo « Le Bienheureux » n’arrive pas de suite.
Pendant quelques années, on te retrouve dans pas mal de collaboration avec
d’autres artistes. Pourquoi ne pas avoir enchainé directement?
Après l’aventure d’Alliance, je n’étais pas du tout dans un dimension à
faire de la musique tout seul. Et le délire de producteur solo un peu à la DJ
Shadow ne m’avait pas encore traversé l’esprit. Bizarrement, j’étais encore
dans une perspective de collaboration, être au service du rappeur. J’aime bien
aussi le rôle du réalisateur. Lorsqu’un mec arrive avec un projet fini à 60%,
et que toi, tu fasses tout ton nécessaire pour faire un truc complètement fini.
Donc du coup j’avais envie de faire des prod’ ou réaliser les albums pour des artistes. Il y
a eu un choix qui est vite arrivé, soit partir à NYC et bosser avec des américains,
soit rester à Paris. Et la j’ai pas eu les couilles d’aller à NYC, en autres
pour une histoire d’amour. Et c’est vrai que je regrette un peu, car on ne
saura jamais ce qu’il aurait pu se passer... Et pourtant ce n’es pas faute de
me l’avoir dit « va
à NYC t’es fou ou quoi ? ». Mais bon, pris dans mes histoires de
« lover »…
Donc du coup, j’ai commencé avec plusieurs
artistes dont Passi sur son album Genèse, Svinkels, Big Red, Sages Po’ ou
encore Les Rieurs un groupe de chez moi.
J'ai aussi eu la
chance d'aller en Jamaïque pour un des albums de Big Red et bosser avec Sugar
Minott, Anthony B et Michael Rose entre autres. De très bons souvenirs…J’ai aussi eu ma petite période
Sénégalaise avec Youssou N’Dour que j’ai connu grâce à
Alliance Ethnik. Il créait un studio à Dakar et voulait que j’aide des groupes
locaux. J’ai trouvé ce projet génial et je me suis donc posé quelques temps là
bas.
• Et donc pas de collaboration
vers les US?
Et non, pas les Etats-Unis. Mais pour tout te dire, ca sera l’objet du
prochain album.
• Bon donc on arrive doucement
à ta période solo avec ton premier album « Le Bienheureux ». C’était
enfin le bon moment?
Du coup la, ça s’est fait par la force des choses. En 2007, j’avais
décidé de quitter la France pour l’Espagne. Le fait de quitter la France m’a
incité à lancer ce fameux projet solo. Choisir Ibiza, qui n’est par réputé pour
être très Hip-Hop, ma poussé à lancer ce projet. C’était le moment pour faire un
truc de mon coté. J’ai fait « Le Bienheureux » juste avant de partir.
Et par le plus grand des hasard,
Nightmares On Wax, qui venait de s’installer sur Ibiza, me repère sur
Myspace (nostalgie 2.0 ndlr), et me contacte pour me dire qu’il souhaite lancer un
label, et qu’il veut que je sois son premier artiste. C’était une opportunité à
ne pas louper. Et j’ai été le premier à signer chez Wax On Records et ça s’est
super bien passé.
Et alors c’est vrai que ce premier album est un peu passé inaperçu en
France alors qu’en Allemagne ou en Australie par exemple, c’était un truc de
fou. C’est paradoxale, moi français, ce n’était pas relayé dans mon propre
pays, mais bon.. Beaucoup en France, on connu « Le Bienheureux » avec
la sortie de « Freedom », le second album. Vu que j’ai sorti cet
album par mes propres moyens, j’ai essayé de communiqué ici, et puis
effectivement Nova a apprécié le projet et passait I Want You Tonight. Et du
coup de fil en aiguille, ça a tourné via la « communauté Nova ».
• Et pourquoi sortir une
compilation, BEACH DIGGIN’ et non un nouvel album?
Je suis depuis longtemps « digger », c’est à dire un
collectionneur de disques, ca fait 25
ans que je fouille partout à la recherche des vinyles rares... J’ai toujours
aimé faire découvrir des nouveaux sons, des nouvelles choses… J’adore ca. Donc
du coup j’ai signé avec le label parisien Heavenly Sweetness,
qui est pour moi le label référence soul/jazz. Je savais que ce label avait
déjà sorti une compil’, et depuis le temps que j’avais aussi cette envie, je me
suis dit que je pouvais proposer ce projet au label, un truc « Pura
Vida » très ensoleillé. L’idée plait et c’est partit ! Donc, avec
Mambo, un graphiste avec qui je suis en binôme depuis quelques années, on se lance. Et là, gros travail de recherche pour trouver des titres méconnus et le
plus possible jamais compilés.
Le plus dur était de choper les droits des titres que l’on voulait dans
Beach Diggin, et aussi trouver les bandes originales, mission presque
impossible ! Mais bon ça valait le coup, car on se retrouve avec une jolie
compil’ de 16 titres ! On a essayé de faire un truc qui fait voyager, avec
des couleurs différentes, mais tout en ayant
à l’esprit ce coté contre-pied. C’est à dire que les morceaux que l’on à
choisis ont des particularités. Par exemple, un titre brésilien mais pas
forcément bossa-nova, en Guadeloupe, on ne va pas prendre un morceau zouk mais
un truc bien reggae jamaïcain. C’est ce que je trouve intéressant dans ce
projet, c’est qu’il est rempli de contre pied !
![]() |
Pochette de la compilation Beach Diggin |
• Et pour la suite donc, c’est
un retour aux sources Hip-hop?
Oui a fond ! Du coup l’idée c’est de revenir à mes premiers amours
de collaborations de Hip-Hop US. Donc avoir une grosse partie collaboration,
avec j’espère une grosse figure New-Yorkaise, et quelques artistes plus
underground que j’ai découvert via Internet. Et sinon, un petite partie, un tiers
de l’album, d’instru dans la tradition des trois premiers albums… Si tout se
passe bien, pourquoi pas prévoir la sortie pour le printemps 2014. Les instrumentales
pour les artistes sont prêtes, donc le voyage aux USA pour poser dessus, c’est
pour bientôt ! Et ensuite, il me reste aussi le tiers instrumental. Mais
je veux prendre mon temps, ne pas précipiter les choses.
• D’autres projets en
parallèles?
Y’a un artiste qui s’appelle Somepling, un beat maker breton que j’apprécie
beaucoup, avec qui, il serait possible que je réalise son album. Mais rien de
signé, c’est juste un projet et une envie. Mais c’est un artiste à découvrir…
Et il y a aussi un projet avec Blanka de la fine équipe, pour sortir un
bonne galette de Hip-Hop français.
Et puis je continue de fouiner un peu pour découvrir encore et toujours
des artistes.. Alors on ne sait jamais…
Pura Vida à vous…
PQTEM remercie Guts, ainsi que Les
Musicophages de nous avoir accueilli pour cette interview. Pour info, il y a
jusqu’au 6 Juillet une exposition de vinyles à ne pas rater! Plus d’info
sur www.musicophages.org